samedi 18 février 2012

La France et l’Allemagne, des stratégies énergétiques complémentaires?

Le 14 février, la Maison de Rhénanie-Palatinat a organisé une conférence sur la question énergétique en France et en Allemagne. Elle était animée par Denis Clerc, économiste et fondateur de la revue Alternatives Economiques et par Werner Robrecht, directeur du pôle énergie et sûreté nucléaire au Ministère de l'économie, de la protection du climat, de l'énergie et de l'aménagement de la Rhénanie-Palatinat et chargé du développement des énergies renouvelables.

Une chose est certaine : l’Allemagne est largement en tête au sein de l’Union Européenne en ce qui concerne le développement des énergies renouvelables. La France, elle, est loin derrière. Même si l’évènement Fukushima a tiré la sonnette d’alarme, seule l’Allemagne s’est véritablement engagée dans un tournant énergétique notable. Et « elle se sent un peu seule », selon Werner Robrecht. Depuis l’an dernier, 8 centrales allemandes sur 17 ont été fermées, soit près de la moitié. Mais le pari est double : en plus d’éliminer le nucléaire, ce pays prévoit de réduire considérablement l’émission de gaz à effet de serre (GES) en se passant autant que possible du charbon.

Plus ambitieuse que l’Union Européenne
Lorsque l’on compare les objectifs du paquet climat-énergie de la Commission Européenne, on constate que l’Allemagne vise encore plus haut. Là où l’Union Européenne souhaite réduire de 20% l’émission de GES par rapport à 1990, l’Allemagne prévoit une baisse de 40% d’ici 2020. Là où l’UE prévoit une part de 10% d’énergies renouvelables, elle en prévoit 35%. Mais la Rhénanie Palatinat, Land situé à la frontière française, est encore plus ambitieuse avec l’objectif de 100% d’électricité générée par les énergies renouvelables d’ici 2030. Pour cela, il s’agirait de multiplier par 5 l’électricité éolienne d’ici 2020 en utilisant 2% de la surface du Land pour cette énergie. La Rhénanie souhaiterait augmenter son électricité photovoltaïque de plus de 2 milliards de KWH d’ici 2020. Pour attendre cet objectif du 100% d’énergie renouvelables, l’éolien (70%) et le photovoltaïque (24%) seraient donc les principales énergies utilisées. L’hydraulique représenterait 4%, la biomasse 5% et la géothermie 1% de la production énergétique globale. Contrairement à l’Allemagne, ce Land privilégie dans sa politique une production énergétique décentralisée, source de dynamisme économique local.










Les réseaux intelligents
L’Allemagne compte sur les « smart grids » ou réseaux intelligents pour une meilleure distribution de l’énergie. Dans ces réseaux décentralisés, l’usager devient « prosommateur » : à la fois producteur et consommateur, en installant par exemple des panneaux photovoltaïques sur son toit. Pour cela, un système de capteurs installé auprès des usagers fournit de l’information sur leur consommation d’énergie en temps réel. Ils peuvent ainsi l’adapter en conséquence, mais aussi repérer facilement les appareils les plus énergivores. Cela encourage à réduire sa propre consommation, permettant de faire des économies. Les compteurs intelligents font leur apparition en France également.

Nous avons encore du chemin à faire en ce qui concerne le développement des énergies renouvelables. Selon Denis Clerc, « si l’Allemagne réussit ce pari, elle va permettre à la société occidentale de progresser, et sera considérablement en avance technologique et industrielle. La France choisit de creuser sa tombe industrielle en ne faisant pas de même ». Sans attendre de voir ce que ça donne en Allemagne, des initiatives comme l’IlliCO2 constituent déjà un pas positif, en espérant que des résultats concrets aboutiront.

Texte : Claire Bourdon, étudiante en Master Euromédias

Aucun commentaire: